Ottawa / Genève – 7 juin 2013 – Les gouvernements et la société civile remettent en question le leadership du gouvernement canadien sur le thème de la violence faite aux femmes à la 23ème session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (CDH).
Dans les années précédentes, le gouvernement canadien, qui préside les négociations portant sur la résolution annuelle du CDH en matière de violence faite aux femmes, a joué un rôle de premier plan en aidant à la réalisation de progrès visant à protéger les femmes contre la violence. Pourtant, cette année, un certain nombre de préoccupations ont été soulevées au sujet du traitement qu’accorde le Canada à la nouvelle résolution sur le thème de la «violence sexuelle». Les préoccupations en question portent sur les propositions mêmes que le Canada met lui-même de l’avant. Celles-ci sont régressives et représentent une atteinte grave aux droits des femmes et à la santé et au bien-être des victimes de violences sexuelles.
Le gouvernement canadien s’est activé à entraver – et continue à le faire – plusieurs recommandations clés visant à lutter efficacement contre la violence sexuelle et pour les droits des survivant-e-s de cette violence. Il exploite notamment son rôle en tant que président des négociations pour bloquer la reconnaissance d’un ensemble complet de services qui doivent être accessibles aux survivant-e-s de violences sexuelles. Plusieurs gouvernements et organisations de la société civile insistent sur le fait que ces services doivent inclure explicitement: l’accès aux services essentiels de santé sexuelle et reproductive, y compris la contraception d’urgence, l’avortement sécuritaire, la prophylaxie post-exposition pour l’infection au VIH, et le diagnostic et le traitement des infections sexuellement transmissibles, entre autres. « Une fois encore, nous voyons le gouvernement du Canada exporter son idéologie conservatrice à l’échelle internationale, au détriment de millions de survivant-e-s de violences sexuelles qui ont besoin d’accéder à ces services essentiels», a déclaré Sandeep Prasad, directeur exécutif de Action Canada pour la population et le développement, qui suit les négociations en cours au CDH. «Un autre exemple en est l’exclusion de l’aide internationale canadienne du financement de services d’avortement sécuritaire, aux termes de Initiative de Muskoka, et ce même là où l’avortement est légal. Cette fois-ci, le Canada fait obstruction à une façon d’assurer aux survivant-e-s de violence sexuelle l’accès aux services dont ces personnes ont besoin, y compris l’accès à des avortements sécuritaires.»
Au-delà de la question de l’accès aux services essentiels, le Canada bloque des propositions cruciales liées à la prévention de la violence sexuelle, y compris les références à des «droits reproductifs» et à l’«égalité des sexes». Le gouvernement canadien refuse également que soit reconnue dans cette résolution la nécessité de mettre en œuvre des programmes d’éducation sexuelle complets, exacts et fondés sur les droits des personnes comme outil essentiel pour prévenir la violence et pour promouvoir l’égalité des sexes.«Non seulement le Canada n’accepte pas de recommandations visant à faire valoir des engagements existants, mais il s’active à faire reculer des mesures politiques remportées de haute lutte précédemment dans d’autres instances internationales, y compris il y a seulement 3 mois à la Commission des Nations Unies sur la condition de la femme, dont le thème était l’élimination et la prévention de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles», a déclaré une déléguée associée de près aux négociations.
«Non seulement le Canada n’accepte pas de recommandations visant à faire valoir des engagements existants, mais il s’active à faire reculer des mesures politiques remportées de haute lutte précédemment dans d’autres instances internationales, y compris il y a seulement 3 mois à la Commission des Nations Unies sur la condition de la femme, dont le thème était l’élimination et la prévention de toutes les formes de violence contre les femmes et les filles», a déclaré une déléguée associée de près aux négociations.
Sans ces références, les activistes des droits des femmes et leurs allié-e-s sont moins en mesure de tenir leurs gouvernements responsables de fournir aux survivant-e-s de violences sexuelles les services essentiels requis, ou de travailler à éliminer les stéréotypes et les normes de genre chez les jeunes générations, au moyen de l’éducation à la sexualité, ce qui peut à son tour contribuer à l’élimination de toutes les formes de violence, de stigmatisation et de discrimination.
Ces actions du Canada ont conduit à une désaffection de ses alliés traditionnels de toutes les régions du monde sur la question de cette résolution. Au moment où nous écrivons ces lignes, beaucoup de ces gouvernements alliés qui, traditionnellement, Co-parrainaient les résolutions de l’ONU concernant la violence contre les femmes ont indiqué leur intention de ne pas co-parrainer ce projet de résolution à moins que le Canada ne fasse preuve de souplesse et corrige les problèmes qu’il a créés au sujet du texte.
« Jusqu’à sept femmes sur dix vivent de la violence physique ou sexuelle au cours de leur vie, et jusqu’à une sur trois d’entre elles vivent sous contrainte leur première expérience sexuelle. Les adolescentes et les jeunes femmes sont particulièrement exposées à la violence. Jusqu’à 50% des agressions sexuelles sont commises contre des filles de moins de 16 ans. Le Canada va soumettre à l’adoption une résolution qui néglige les besoins très réels des victimes de violence sexuelle. Ce faisant, il s’est aliéné ses alliés habituels dans les États et la société civile à travers le monde. Il s’agit d’un creux historique pour le Canada sur la scène internationale », a déclaré M. Prasad.