Devant le recul mondial des droits des femmes et des droits génésiques, le Canada est devenu un chef de file de la promotion de ces enjeux. Pourtant, la santé et la vie de femmes et de filles sont ENCORE menacées, dans le monde.
Au cours des dernières années, le Canada s’est bravement porté à la défense des droits des femmes et des droits sexuels et génésiques, notamment en promettant une aide au développement pour les domaines négligés de la santé et des droits sexuels et génésiques jusqu’en 2030. Ceci inclut l’engagement (annoncé en juin 2019) d’une aide au développement de 1,4 milliard $ par année pour la santé mondiale, dont 700 millions $ pour la santé et les droits sexuels et génésiques. Le Canada doit maintenir son leadership et respecter ses engagements.
Pourquoi le Canada devrait-il accorder la priorité à son engagement mondial à la santé et aux droits sexuels et génésiques?
- Le Canada est en position unique pour combler les lacunes là où les services de santé sexuelle et génésique sont affectés par des attaques populistes contre les droits des femmes, notamment la « Règle du bâillon mondial » des États-Unis, et par des inégalités mondiales croissantes.
- Plusieurs domaines de la santé sexuelle et génésique demeurent stigmatisés, exclus et sous-financés, ce qui rend encore plus difficile pour les personnes les plus vulnérables et marginalisées de réaliser leurs droits; le Canada peut aider à combler ces lacunes.
- C’est la loi : les obligations de droits de la personne du Canada au regard de la santé et des droits sexuels et génésiques sont enchâssées dans ses lois nationales, dans le droit sur les droits de la personne et dans divers documents de consensus mondial dont le Canada est signataire.
- C’est un facteur clé pour atteindre les cibles énoncées dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, dont le Canada est signataire.
Les domaines les plus négligés et les plus stigmatisés de la santé et des droits sexuels et génésiques nécessitent un soutien ciblé et un leadership politique. Des investissements dans les domaines négligés de la santé et des droits sexuels et génésiques aideraient à combler d’importants manques et à soutenir les droits de la personne de populations qui rencontrent de la discrimination et de la marginalisation. Les domaines négligés de la santé et des droits sexuels et génésiques incluent :
- la santé et les droits sexuels et génésiques des adolescent-es, y compris l’éducation sexuelle de qualité;
- l’accès aux contraceptifs;
- l’accès à l’avortement sûr;
- le plaidoyer pour la santé et les droits sexuels et génésiques; et
- les services de santé sexuelle et génésique en situation d’urgence.
Une politique canadienne sur les droits sexuels et génésiques mondiaux est requise pour mobiliser et soutenir l’engagement du Canada à la santé et aux droits sexuels et génésiques par le biais de son aide au développement et de ses politiques étrangères. Sans une telle politique, le Canada pourrait ne pas atteindre les cibles ambitieuses de sa Politique d’aide internationale féministe; la stigmatisation entourant les domaines négligés de la santé et des droits sexuels et génésiques se poursuivra; et les populations les plus marginalisées ne seront pas jointes.
Ce que le Canada peut faire dès maintenant pour continuer de promouvoir mondialement les droits des femmes
- Respecter l’engagement international à consacrer 0,7 % de son RNB à l’aide publique au développement et affecter des fonds aux domaines négligés de la santé et des droits sexuels et génésiques.
- Établir une politique canadienne sur les droits sexuels et génésiques mondiaux.
- Établir un cadre de responsabilité clair pour la mise en œuvre de l’investissement annuel du Canada de 700 millions $ par année dans la santé et les droits sexuels et génésiques, y compris des cibles précises pour les investissements dans les domaines négligés de la santé et des droits sexuels et génésiques.
- Adopter des principes féministes pour guider toutes les décisions relatives au financement afin que les initiatives répondent aux facteurs structurels et de pouvoir qui nuisent à l’égalité des genres.
- Investir directement dans des organismes et mouvements féministes, de défense des droits des femmes et de jeunes, dans le Sud mondial, qui œuvrent à la santé et aux droits sexuels et génésiques, en particulier ceux qui participent au plaidoyer juridique et de politiques.