La présente campagne électorale a été longue et tortueuse, mais il reste moins de deux semaines avant le scrutin. Voici un récapitulatif de ce qui s’est passé pendant cette campagne au chapitre de la santé et des droits sexuels et reproductifs.
1. Place au débat : le début de la mobilisation
Les féministes et organismes de défense des droits des femmes souhaitaient un débat des chefs fédéraux sur les droits des femmes, le premier en 30 ans. La campagne Place au débat regroupe aujourd’hui plus de 175 organismes représentant plus de quatre millions de Canadiens voulant que les chefs de partis fédéraux expliquent comment ils s’y prendront pour faire du Canada un pays plus égalitaire et pour promouvoir l’égalité de genre à l’étranger. Cliquez ici pour en apprendre davantage sur Place au débat.
2. Fiches thématiques pour la campagne électorale : les priorités
Au début septembre, Action Canada a lancé une série de fiches thématiques portant sur divers enjeux actuels en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs, et sur les priorités que devrait adopter le gouvernement du Canada en la matière, tant au pays qu’à l’étranger. Une page Web « Agir » a ensuite été créée, fournissant plus de détails sur la façon de s’impliquer dans ce dossier. Cliquez ici pour lire ces fiches et pour vous impliquer.
3. Féminiser la politique étrangère : les enjeux
Le 15 septembre, dans le cadre de la campagne Place au débat, Action Canada s’est alliée à Oxfam Canada et à la Nobel Women’s Initiative pour lancer un débat sur une politique étrangère féministe, auquel ont participé des lauréates du prix Nobel, des penseurs canadiens et des candidats d’Ottawa-Centre.
Ce panel d’experts s’est penché sur : le nouveau cadre international de développement et celui de ses objectifs visant l’égalité de genre; l’importance du rôle des femmes dans les processus de paix; les besoins des victimes de violence sexuelle; les particularités de genre de la crise des réfugiés; l’élaboration d’un milieu propice aux succès de la société civile, tant au Canada qu’à l’étranger; les mesures canadiennes pour faire avancer l’égalité de genre et les droits des femmes sur la scène internationale; et l’appui aux organismes multilatéraux.
Les délégués de trois des cinq principaux partis fédéraux ont également rappelé que le Canada devait recommencer à s’impliquer sur la scène internationale, notamment par le biais des Nations Unies.
Cliquez ici pour la rediffusion de ce débat.
Ce débat revêtait une importance toute particulière puisqu’il coïncidait avec le 15e anniversaire cet automne de la résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies sur les femmes, la paix et la sécurité. L’adoption de cette résolution a marqué un tournant dans la perception internationale des conflits, de leur impact sur les femmes et du rôle que peuvent jouer les organismes de défense des droits des femmes pour mettre fin à ces conflits. Par la suite, d’autres résolutions portant sur le même thème ont entériné le bien-fondé d’une gamme complète et non discriminatoire de services de santé sexuelle et reproductive, notamment liés aux grossesses résultant de viols de guerre.
La violence sexuelle en période de conflit est l’un des enjeux prioritaires du gouvernement du Canada. À cet égard, le Canada doit poser des gestes concrets visant la mise en œuvre de toutes les résolutions des Nations Unies sur le thème des femmes, de la paix et de la sécurité. Il doit donc s’assurer que les victimes de conflits aient accès à une gamme complète de services de santé sexuelle et reproductive, dont des services d’avortement.
4. Place au débat : la position des chefs
Le 21 septembre, la campagne Place au débat a marqué un grand coup en diffusant en direct des entretiens avec les chefs de quatre des principaux partis fédéraux, durant lesquelles ils ont traité de certains droits sexuels.
Cliquez ici pour la rediffusion de ces entrevues.
Elizabeth May, chef du Parti vert du Canada, a demandé l’abrogation de la loi C-36, qui rend illégaux l’achat de services sexuels, la communication avec quiconque en vue d’obtenir de tels services, le fait de tirer un avantage matériel de pareil achat ou pareille communication, le fait d’amener une personne à offrir ou à rendre des services sexuels moyennant rétribution, et la promotion de pareils services. May a également souhaité que soient restaurées les subventions aux organismes de défense des droits, dont la Fédération pour le planning des naissances, tout en reconnaissant l’importance de l’éducation dans l’éradication des normes et des stéréotypes de genre qui perpétuent la violence à l’endroit des femmes. Au plan international, May a recommandé que soient analysées du point de vue du genre les incidences des changements climatiques dont souffrent davantage les femmes des pays en développement.
Gilles Duceppe, chef du Bloc Québécois, a évoqué plusieurs initiatives québécoises ayant favorisé l’égalité de genre, dont les politiques de congés parentaux payés et de garde d’enfants. Duceppe a également rappelé le besoin de lutter contre la violence à l’endroit des minorités sexuelles, notamment les jeunes, et a réitéré l’importance de respecter les ententes et traités internationaux, tels ceux sur les droits des peuples autochtones et sur l’environnement.
Justin Trudeau, chef du Parti libéral du Canada, s’est engagé à discuter avec les provinces de leurs obligations en vertu de la Loi canadienne sur la santé, visant ainsi à fournir à n’importe qui tous les services essentiels de santé requis, dont des services d’avortement. Insistant sur la nécessité d’une gamme complète de services de santé reproductive acheter viagra au Canada pour toutes les Canadiennes, Trudeau a reconnu l’importance des objectifs de l’Initiative de Muskoka sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants, tout en déplorant les dérives idéologiques du gouvernement actuel quant à certains services de santé reproductive tel l’avortement. Trudeau a promis de bonifier l’Initiative en y rajoutant des services de planification familiale et d’avortement, d’augmenter les montants consacrés à l’aide publique au développement, et de redonner au Canada sa place sur la scène internationale.
Stephen Harper, chef du Parti conservateur du Canada, n’a pas donné suite à l’invitation de participer à un entretien.
Thomas Mulcair, chef du Nouveau Parti démocratique du Canada, a demandé la fin de la violence fondée sur le genre, établissant un lien entre la violence faite aux Canadiennes, notamment autochtones, et les viols de guerre dans les zones de conflit. Appelant à l’élaboration d’un plan national de lutte contre la violence à l’endroit des femmes, Mulcair a également décrété qu’il obligerait les provinces à fournir des services d’avortement accessibles conformément à la Loi canadienne sur la santé. Tout en applaudissant les efforts du Canada en matière de santé maternelle et infantile, Mulcair a cependant recommandé que ces efforts s’accompagnent d’une gamme complète de services de santé, dont des services d’avortement sans risques. Mulcair a rappelé le besoin de respecter et de défendre les droits des femmes et des filles, dont leur libre arbitre en matière de santé et de choix de vie.
5. Débat Munk sur la politique étrangère : les promesses supplémentaires des chefs
Le 28 septembre, l’institut Munk a invité Stephen Harper, Thomas Mulcair et Justin Trudeau à un débat sur le commerce international, le terrorisme et l’EI, l’Arctique, les relations canado-américaines, la crise des réfugiés et l’aide internationale. Avant le débat, nous avons suggéré cinq questions. La santé et les droits sexuels ont été soulevés, mais sans dominer le débat.
Cliquez ici pour la transcription intégrale, ou ici pour la rediffusion du débat.
Justin Trudeau, chef du Parti libéral du Canada, a reconnu les réussites de l’Initiative de Muskoka tout en rappelant les conséquences négatives du refus du gouvernement actuel de subventionner les services d’avortement. Selon Trudeau, Harper s’est cantonné dans une idéologie qui l’empêche de venir en aide aux plus vulnérables et d’élaborer des politiques fondées sur des données scientifiques et des pratiques internationales exemplaires. « Nous devons recommencer à promouvoir et à participer aux activités de maintien de la paix des Nations Unies. Le silence du Canada à ce sujet est décevant. Les missions de maintien de la paix ont été créées par un Premier ministre canadien, et nous devons y retourner et y participer, partout au pays et à l’étranger. »
Stephen Harper, chef du Parti conservateur du Canada, a rappelé les activités entreprises en vertu de l’Initiative de Muskoka sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants, et leurs impacts en regard de leur faible coût. « Concentrez-vous sur les éléments rassembleurs, tel le fait de sauver les vies de mères et de nouveau-nés partout sur la planète. Nous avons accompli des progrès tangibles, et nous devons poursuivre nos efforts. »
Thomas Mulcair, chef du Nouveau Parti démocratique du Canada, a admis que le Canada devait davantage défendre les droits des femmes. Rappelant la décroissance de l’aide publique canadienne au développement, Mulcair a également soulevé la question des décès résultants d’avortements non médicalisés, ainsi que le rôle grandissant du viol comme arme de guerre. « Nous devons abandonner cette approche doctrinaire qui interdit aux femmes que nous aidons dans ces pays de jouir de tous leurs droits. Monsieur Harper s’y refuse par idéologie, et je reconnais que le Canada ne fait pas tout ce qu’il devrait. Nous devons en tenir compte lorsque nous traitons de ces questions. »
6. Débat en français : les droits des femmes
Le 2 octobre, Stephen Harper, Thomas Mulcair et Justin Trudeau se sont de nouveau affrontés en débat, mais en français cette fois, et pour la dernière fois de la campagne électorale. En compagnie de Gilles Duceppe, chef du Bloc Québécois, les chefs ont chaudement débattu du port du niqab durant les cérémonies de citoyenneté, les échanges débordant sur les droits des femmes, l’accès à l’avortement et l’égalité des genres.
Cliquez ici pour la rediffusion du débat.
7. En résumé : où en est la santé sexuelle dans cette campagne électorale?
Le 6 octobre, Sandeep Prasad, directeur général d’Action Canada, a fait paraître sur le site Ricochet un texte d’opinion rappelant les enjeux de santé et de droits sexuels et reproductifs que la présente campagne électorale n’a pas encore débattus. Cliquez ici pour lire la traduction de ce texte d’opinion.
8. Quelles sont les prochaines étapes?
Il reste moins de deux semaines avant le jour du scrutin. Il nous faut donc redoubler d’efforts pour que la santé et les droits sexuels et reproductifs, l’égalité de genre et les droits de la personne ne soient pas oubliés par les chefs de partis.
Vous voulez vous impliquer? Voici quelques idées pour vous y aider :
- Regardez la rediffusion des entretiens de la campagne Place au débat;
- Assistez aux débats de vos candidats locaux, et posez des questions, dont celles-ci;
- Renseignez-vous : lisez les fiches d’Action Canada;
- Faites-vous voir dans les médias sociaux : voici des graphiques à partager et des suggestions de tweet;
- Apprenez-en plus sur les enjeux de santé et de droits sexuels que la campagne électorale n’a pas encore traités : lisez la traduction du texte d’opinion d’Action Canada sur le site Ricochet.