À l’occasion de la journée internationale de la femme le mardi 8 mars, Ottawa accueillera pour la première fois le Dr Babatunde Osotimehin, sous-secrétaire général des Nations Unies et directeur général du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA).
Cette première visite officielle est la première en plus de dix ans d’un dirigeant de l’organisme onusien responsable de la santé sexuelle et reproductive. Le Dr Osotimehin rencontrera des représentants du gouvernement fédéral et de la société civile canadienne afin de promouvoir les objectifs de l’UNFPA visant à ce que chaque grossesse soit désirée, chaque naissance se déroule bien et chaque jeune développe son plein potentiel.
Cette visite permettra également au premier ministre Trudeau, féministe avoué, de préciser comment son gouvernement s’y prendra pour promouvoir l’égalité de genre, l’autonomie corporelle des femmes et le libre choix.
Le Canada s’intéresse grandement à la santé des femmes, des nouveau-nés et des enfants depuis les années Harper. Cependant, le pays s’est jusqu’ici peu consacré à la défense des droits de la personne, de l’égalité de genre, ainsi qu’à la santé et aux droits sexuels et reproductifs. En outre, la réduction du financement versé aux organismes onusiens responsables de la santé sexuelle, des droits des femmes et des droits de la personne signifie qu’il manque plus de la moitié — plus exactement, 57 % de 2002 à 2013 — des fonds requis en santé sexuelle lors de crises humanitaires.
L’impact de ce manque à gagner est réel : trois décès maternels sur cinq surviennent lors de crises humanitaires ou de situations d’urgence ou dans des États fragiles, quelque 507 femmes ou adolescentes mourant chaque jour d’un manque de soins durant leur grossesse ou de complications après un accouchement. De plus, en règle générale, les besoins de ces femmes et de ces adolescentes en matière de santé sexuelle et reproductive ne sont pas satisfaits.
Si le premier ministre Trudeau souhaite réellement se réinvestir auprès des Nations Unies et promouvoir l’égalité de genre, le premier geste qu’il devrait poser est d’augmenter le financement versé aux organismes multilatéraux voués à l’avancement des droits des femmes, dont les droits sexuels et reproductifs
La visite du Dr Osotimehin représente pour le Canada l’occasion de prouver le sérieux de son retour sur le devant de la scène internationale et de s’attaquer de front aux inégalités de genre, dépassant la simple parité au sein de son conseil des ministres : nous sommes en 2016, après tout.
L’abolition de l’interdiction imposée par le précédent gouvernement de financer les services d’avortement à l’étranger est un excellent premier pas. Mais il faut aller encore plus loin, de façon soutenue et systématique, et doter le Canada d’une politique internationale sur les droits sexuels et reproductifs qui encadre notre aide au développement et notre rôle sur la scène mondiale.
Nous pourrions nous inspirer de ce qui se fait déjà aux Pays-Bas, au Danemark et en Suède en la matière. Dans ces pays, les hauts fonctionnaires savent exactement comment protéger et promouvoir les droits sexuels et reproductifs dans le cadre de leurs activités diplomatiques, et comment répondre aux besoins sexuels et reproductifs par le biais de leur aide internationale. Au Canada, pareille politique pourrait encadrer et renforcer la position de notre pays lors de rencontres internationales telle la prochaine séance de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies. Cette politique pourrait aussi sous-tendre notre appui aux organismes locaux et nationaux qui font la promotion de services d’avortement et de régulation des naissances ainsi que d’une éducation sexuelle complète.
Le Canada a grand besoin d’une telle politique, qui couvrirait une gamme étendue et intégrée de services et d’information en santé sexuelle et reproductive, accorderait la priorité à l’égalité de genre et à l’autonomisation des femmes, et ferait la promotion d’une éducation sexuelle complète en partenariat avec des organismes multilatéraux qui partagent ces objectifs et défendent les droits de la personne, comme l’UNFPA.
Ce dont il s’agit réellement ici, c’est de sauver des millions de vies et de protéger les droits de ces personnes. Après tout, en 2016, pourquoi est-ce que des femmes syriennes devraient accoucher sans personnel compétent pour les aider? Pourquoi est-ce que des femmes d’ici ou d’ailleurs devraient faire des centaines de kilomètres avant de pouvoir accéder à des services médicaux essentiels comme l’avortement? À l’occasion de la Journée internationale de la femme 2016, visons l’égalité de genre!