Il y a deux semaines, sans aucune annonce publique, le Manitoba a ajouté le médicament abortif Mifegymiso à son formulaire provincial. Contrairement à l’Alberta, au Nouveau-Brunswick, au Québec et à l’Ontario, où la couverture universelle du coût sera offerte à toute personne titulaire d’une carte d’assurance maladie, le Manitoba ne couvrira que les prestataires de son Régime d’assurance-médicaments.
Le Manitoba renforce et soutient ainsi un système d’accès à l’avortement à deux vitesses, et des lacunes persistent.
La pilule abortive sera également couverte par la province dans une ou deux (voire trois) cliniques offrant déjà l’avortement chirurgical. Cela élargira les options offertes dans ces cliniques, mais ne fera rien pour répondre aux obstacles à l’accès les plus fréquemment rencontrés au Manitoba.
Le Manitoba est l’une des provinces où il est le plus difficile d’accéder à l’avortement. Plusieurs personnes ayant besoin de ce service doivent effectuer un voyage de plus de 20 heures vers l’une des deux villes du sud (Winnipeg et Brandon) où il est offert, ou se déplacer hors de la province. Le prix de détail de Mifegymiso (oscillant entre 350 $ et 450 $) n’est qu’un des nombreux coûts associés à l’accès. Les déplacements, l’hébergement, les services de garde d’enfants, les soins familiaux et les pertes de salaire rendent difficile pour plusieurs personnes d’accéder à des services d’avortement limités aux centres urbains. Les gens ont besoin de services d’avortement dans leur propre communauté ou le plus près possible de celle-ci. La couverture universelle du coût représente un pas de plus vers cet objectif.
Les formulaires ne sont pas un substitut à la couverture universelle du coût. En vertu du programme manitobain, une femme célibataire de 30 ans n’ayant aucune personne à charge et gagnant un salaire annuel de 45 000 $ devra atteindre une franchise de 2 400 $ pour que le médicament soit couvert – un montant que la plupart des gens n’atteignent jamais. Le Régime d’assurance-médicaments du Manitoba ne couvre pas non plus les personnes qui n’y étaient pas préalablement inscrites.
Le régime du Manitoba offre certaines indemnisations, mais il est destiné aux personnes dont le revenu est le plus fortement touché par le coût élevé des médicaments d’ordonnance. Il ne répond pas toujours aux besoins diversifiés des personnes qui veulent un avortement. Des programmes complexes et disparates échouent à répondre aux besoins de tous les individus.
Tous les Canadiens et Canadiennes méritent un accès équitable aux soins de santé. L’Alberta, le Nouveau-Brunswick, l’Ontario et le Québec ont déjà démontré que la couverture universelle du coût de Mifegymiso est à la fois nécessaire et possible. Le temps est venu pour le Manitoba et le reste du Canada d’emboîter le pas.