Toutes les personnes méritent d’avoir accès aux services de santé dont elles ont besoin. Il incombe aux gouvernements (à tous les paliers), aux fournisseurs de soins de santé et de services sociaux et à la société civile de veiller à la santé et à la sécurité de toutes les personnes et communautés, y compris celles des personnes qui consomment des drogues.
La crise des opioïdes et l’épidémie de surdoses qui sévissent au Canada sont les signes de la marginalisation, du manque d’accès à des services appropriés et du manque de volonté politique qui sont dus à la stigmatisation et à la discrimination. Des personnes qui consomment des drogues meurent parce qu’elles n’ont pas accès à des soins de santé et à du soutien. Notamment, la stigmatisation à l’égard de ces personnes catalyse la transmission du VIH en ralentissant des réponses cruciales à des problèmes de santé publique.
Ce qui se passe au Canada est une urgence de santé publique. Le droit à la santé exige d’offrir des services adaptés aux besoins des différents groupes de titulaires de droits d’une population. Les personnes qui consomment des drogues font partie des groupes dont les besoins particuliers doivent être abordés. Diverses formes de discrimination systémique rendent difficile l’accès aux soins de santé pour ces personnes. Et lorsque des soins de santé leur sont offerts, ils sont souvent empreints de stigmatisation, ce qui compromet leur qualité.
Un 26e centre d’urgence pour les surdoses a ouvert ses portes à Ottawa la semaine dernière. Dirigés par des membres de la communauté et par des personnes qui consomment des drogues, les centres de prévention des surdoses sont un service de santé fondé sur la réduction des méfaits qui fournit des interventions immédiates et d’efficacité démontrée pour prévenir les décès par surdose. Les groupes les plus affectés prennent les devants et ne peuvent plus attendre. Des centres improvisés de prévention des surdoses continueront d’apparaître et d’offrir une réponse immédiate à cette urgence – pour sauver des vies, rendre nos communautés plus sécuritaires, plus fortes et plus saines, et montrer ce qui est possible grâce à la solidarité entre voisins.
Les outils et stratégies nécessaires à améliorer la santé et la vie des personnes qui consomment des drogues sont connus et faciles à offrir. Le corpus de données convaincantes sur l’efficacité de la réduction des méfaits (y compris les lieux sécuritaires pour l’injection et les programmes de seringues en prison et dans d’autres espaces fermés) sert de fondement à l’ensemble complet d’interventions recommandées par l’Organisation mondiale de la Santé, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida afin de prévenir la propagation du VIH et de réduire d’autres méfaits associés à la consommation de drogues.
Action Canada pour la santé et les droits sexuels appuie vivement les efforts cruciaux de réduction des méfaits qui sont déployés à travers le Canada. En tant qu’organisme national voué à la santé et aux droits sexuels et génésiques, nous considérons ces interventions comme étant essentielles à une stratégie complète de lutte contre le VIH et les autres infections transmissibles sexuellement et par le sang, pour sauver des vies et rendre nos communautés plus sécuritaires pour tous.
Nous exhortons tous les paliers de gouvernements et tous les dépositaires d’enjeux à faciliter (par tous les moyens possibles) cette réponse rapide et fondée sur les données aux impacts dévastateurs de la criminalisation des drogues et de la crise des opioïdes. Nos dirigeants doivent intensifier leurs efforts et éviter de nuire aux personnes les plus affectées par cette crise. Un appui indéfectible à ces importantes initiatives de réduction des méfaits est primordial.