Action Canada pour la santé et les droits sexuels condamne sévèrement l’adoption du Projet de loi no62, au Québec, et demeure solidaire avec la communauté musulmane de même qu’avec toutes les minorités religieuses et culturelles ciblées par cette législation ou toute politique entravant l’expression religieuse, l’autonomie corporelle et le choix.
Le Projet de loi no62 interdit aux travailleurs de la fonction publique comme les médecins, les infirmier(ère)s, les enseignant(e)s et les éducateur(trice)s en garderie de porter le niqab, la burqa ou tout autre accessoire couvrant le visage, dans la prestation des services. Les personnes recevant ces services seraient elles aussi tenues de découvrir leur visage. Initialement, le projet de loi ne devait s’appliquer qu’aux services du secteur public et aux établissements financés par le gouvernement provincial, mais des amendements subséquents ont étendu la législation aux services municipaux, y compris le transport public et les bureaux de logements sociaux. Cela aura de graves répercussions sur la capacité de certaines personnes d’utiliser les services publics et d’occuper les espaces publics, en particulier les femmes musulmanes.
Cette loi prétend favoriser la neutralité de l’État; mais, bien qu’il soit souvent présenté au nom de la libération de la femme, ce type de manœuvre politique est en fait enraciné dans des sentiments racistes, anti-mulsulmans, antisémites et anti-migrants, et il contribue à les alimenter. Cette loi ne favorise nullement une meilleure harmonie dans notre société; au contraire, elle offre une légitimité à toutes les formes de violence raciste et islamophobe, dont les conséquences seront ressenties par les plus marginalisés d’entre nous.
Cette législation serait la première en son genre en Amérique du Nord et créerait par conséquent un dangereux précédent juridique. En Europe, à l’issue du vote sur le Brexit, les attaques racistes et islamophobes ont monté en flèche au Royaume-Uni. Au Canada, les crimes haineux ont augmenté considérablement – et ceux à l’endroit des femmes musulmanes de façon encore plus marquée. Les cas de voiles arrachés, devenus chose courante, compromettent gravement la sécurité des femmes en public. Ces effets étaient déjà présents au Québec. Dès que le débat sur le port de symboles religieux s’enflamme, on note une hausse des incidents de violence verbale et physique à l’endroit de femmes musulmanes portant le hijab en public, à l’échelle de la province.
Tous les individus ont le droit de ne pas subir de violence, de discrimination et de coercition. Forcer des individus, en particulier des femmes, qui portent des vêtements religieux à se découvrir au nom de la neutralité, de la sécurité, du « vivre ensemble » ou de la libération des femmes enfreint non seulement le droit au choix et à l’autonomie corporelle – c’est aussi une forme de violence grave.
Action Canada pour la santé et les droits sexuels appuie les droits de tous les individus, partout, à la pleine capacité d’agir et à l’autonomie corporelle concernant tous les aspects de leur sexualité, de leur reproduction et de leur genre. Il est de notre mission organisationnelle de promouvoir et de défendre la santé et les droits sexuels et génésiques, au Canada et dans le monde. Nous sommes engagés par conséquent à un féminisme intersectionnel, anti-raciste et enraciné dans les droits humains. Et nous nous opposons vigoureusement à ce type de législation ainsi qu’à ses principes sous-jacents.