L’éducation sexuelle, lorsqu’adéquate, sauve des vies. Ce que les jeunes ont à perdre dans cette lutte est clair : santé, sécurité et bien-être.
L’éducation sexuelle est devenue un sujet politique chaud à travers le pays.
Alors que des dizaines de milliers d’élèves ontariens organisaient des débrayages pour protester contre le retour à un programme scolaire sur la santé qui est outrageusement désuet, des conservateurs sociaux se mobilisent dans des municipalités de la Colombie-Britannique pour proposer des plateformes électorales antagonistes au contenu éducatif LGBTQ.
Plusieurs parents, électeurs, électrices et politicien-nes considèrent que l’éducation sexuelle est vitale à la santé et au bien-être des jeunes. Mais, en même temps, l’exploitation des craintes du public et de la désinformation à des fins de gain politique sont en hausse.
Ce que les jeunes personnes ont à perdre dans cette lutte est clair : santé, sécurité et bien-être. L’éducation sexuelle, lorsqu’adéquate, sauve des vies. Une éducation sexuelle complète et inclusive contribue à la réduction des taux d’ITS et de grossesses non planifiées, à la prévention de la violence fondée sur le genre et à la sécurité accrue des élèves LGBTQ dans les écoles. L’éducation sexuelle adoptant une approche explicitement fondée sur les droits humains favorise même un dialogue ouvert avec les parents sur le sexe et les relations.
Ces faits devraient suffire à clore le débat. Or, en dépit des recherches et de l’appui massif des parents à l’éducation sexuelle dans les écoles, une minorité petite mais bruyante veut son abolition et se voit récompensée par une attention médiatique disproportionnée et un succès politique incongru.
La controverse entourant une ressource développée en collaboration avec le ministère de l’Éducation de la C.-B. afin de favoriser des milieux d’apprentissage plus sécuritaires pour les élèves LGBTQ est un rappel troublant de la situation ontarienne.
Des manifestations se tiennent devant les bureaux de la législature provinciale, des informations erronées au sujet du contenu de la trousse d’outils et des plans de leçon se propagent à une vitesse fulgurante, et des plateformes politiques sont élaborées pour retirer la ressource des écoles qui l’utilisent et l’interdire ailleurs.
Le succès du lobbying de ces groupes, en C.-B. comme en Ontario, est le signe de l’influence politique grandissante d’une forme de conservatisme social autrefois marginale. Les conservateurs se font dire que leur vision du monde est attaquée et que l’école est un terrain approprié pour faire la guerre aux droits humains des femmes, des filles et des jeunes LGBTQ.
Or une véritable lutte pour les droits humains et les libertés ne se gagne jamais au détriment des autres.
Cette confrontation sur la moralité est habilement dissimulée derrière un langage tout droit tiré du lexique des droits humains. Les droits des parents sont par ailleurs mis en opposition avec la santé et les droits des jeunes, comme s’il s’agissait d’un jeu à somme nulle. La liberté d’expression parentale est invoquée pour restreindre la liberté d’expression du genre. La liberté de religion est utilisée pour affaiblir l’appui aux minorités sexuelles et pour nier qu’une éducation solide en santé est bénéfique à tous nos enfants.
La désinformation sur le contenu enseigné sert à gonfler les appuis politiques sous prétexte de protéger les enfants.
Mais tout compte fait, les droits humains sont interconnectés et égaux, et s’appliquent uniquement dans la mesure où ils ne nuisent pas à une autre personne. Une véritable lutte pour les droits humains et les libertés ne se gagne jamais au détriment des autres.
La liberté d’expression, par exemple, ne peut l’emporter sur le droit des individus à la santé, à l’éducation et à la protection contre la violence et la discrimination; elle ne peut pas non plus l’emporter sur le droit à l’éducation sexuelle, qui est enchâssé dans le droit international des droits de la personne et protégé par des experts mondiaux comme l’Organisation mondiale de la Santé.
La semaine dernière, en Ontario, après les plaintes de nombreux jeunes et parents, la Commission ontarienne des droits de la personne a déposé un avis d’intervention auprès du Tribunal des droits de la personne de l’Ontario afin de protéger les droits des filles et des élèves LGBTQ qui souffriraient le plus d’une éducation sexuelle sous-optimale.
En C.-B., la résistance à la controverse s’organise sous la forme d’une campagne dirigée par les jeunes, intitulée « Sex ed is Our Right » [« L’éducation sexuelle, nous y avons droit »].
Chacun-e de nous a le droit de recevoir une éducation et des informations pertinentes et exactes sur la santé, tout au long de sa vie – et aucun gouvernement n’a l’autorité d’en priver une génération entière.
La résistance importe et votre voix compte. Si vous croyez au droit de chaque personne d’avoir une vie saine, en sécurité et sans violence, faites-vous entendre. Les jeunes ont besoin de vous.