Par SANDEEP PRASAD & JACQUI WASACASE et publié en anglais dans le Regina Leader-Post
L’éducation sexuelle ne répond plus aux besoins des jeunes, au Canada. Pourquoi? Parce qu’il ne suffit plus de répéter « Insérer A dans B et répéter ». Parce que le conseil de « L’abstinence jusqu’au mariage » est insensé. Parce que le slogan « Couvrez-vous » n’est plus une clé pour comprendre.
L’éducation sexuelle va bien au-delà de ces points. Prenons la Saskatchewan, par exemple, où les premiers ministres des provinces et territoires du Canada se réunissent cette semaine pour discuter d’enjeux comme la santé et l’éducation. En Saskatchewan, les infections transmissibles sexuellement (ITS) ont atteint des niveaux de crise, en 2016; des médecins ont même demandé à la province de déclarer l’état d’urgence concernant le VIH.
On peut éviter les ITS. On peut éviter la grossesse non planifiée. Alors que vous hochez la tête en signe d’approbation, souvenez-vous que même si tout ça peut être prévenu, ce qui fait la différence est la façon dont nous l’enseignons aux gens.
Si vous êtes incertain-e de la façon de faire une équation quadratique, personne ne s’attend à ce que vous l’appreniez par vos propres moyens. Mais s’ils et elles ne savent pas vraiment ce que signifie le consentement, ou comment l’herpès se transmet, ou quoi faire si leurs menstruations ont du retard, les jeunes doivent en quelque sorte trouver réponse à ces questions par leurs propres moyens. Certes, personne ne conteste l’importance de l’algèbre, mais l’éducation sexuelle, pour sa part, sauve des vies.
Ceci n’est pas une exagération. Une éducation sexuelle adéquate et de qualité favorise le consentement, réduit les taux d’ITS et de grossesse non intentionnelle, et favorise l’inclusion et la sécurité pour les jeunes LGBTQ+. En bref, la recherche nous indique que l’éducation sexuelle conduit à une vie plus heureuse, plus saine et plus sécuritaire, pour les jeunes. Ces faits devraient suffire pour conclure tout débat; pourtant les gouvernements ne font pas preuve d’un grand leadership, en dépit des conclusions de recherches ainsi que d’un très fort appui parental à l’égard de l’éducation sexuelle (94 % en Ontario, 94 % au Nouveau-Brunswick et 92 % en Saskatchewan).
Dans toutes les provinces et tous les territoires du pays, le programme d’enseignement de l’éducation sexuelle est inférieur aux normes établies et l’enseignement présente un manque de cohésion. Dans certains cas, on n’enseigne tout simplement pas cette matière. Il n’est donc pas étonnant que les jeunes soient la population qui présente les taux les plus élevés d’ITS, que les taux de violence à l’égard des jeunes femmes soient élevés, que les filles ne comprennent pas adéquatement ce que sont les stéréotypes liés au genre, ce que sont des comportements respectueux et des relations saines; et que Statistique Canada signale que 50 % des personnes LGBTQ+ vivent de la violence physique ou sexuelle. Les gouvernements peuvent répondre de nombreuses façons à ces crises, mais l’une des solutions les plus efficaces est d’investir dans l’amélioration de l’éducation sexuelle.
Il est temps que nous fassions de l’éducation sexuelle un enjeu national et que nous protégions et améliorions les programmes d’éducation sexuelle afin d’assurer que toutes les jeunes personnes, au Canada, aient un accès égal à l’information et à l’éducation de la plus grande qualité sur la santé.
Une éducation sexuelle de qualité contribue au progrès vers l’égalité des genres, à de saines relations, à l’adoption de pratiques sexuelles plus sécuritaires ainsi qu’à la littératie médiatique – qui sont des objectifs affirmés dans les politiques de santé et d’éducation de tous les gouvernements, provinciaux, territoriaux et fédéral, au Canada. L’accès à l’éducation sexuelle complète est également défini comme un droit de la personne, par les Nations Unies. Voilà combien elle est importante afin d’assurer la santé de nos communautés – et les gouvernements ont l’obligation de fournir une éducation sexuelle de qualité et fondée sur des données probantes.
Le moment est venu de faire campagne à l’échelle nationale afin d’appuyer les militantes et militants pour l’éducation sexuelle, de se coordonner entre provinces et territoires, et de faire en sorte que le gouvernement fédéral soit un porte-étendard de l’éducation sexuelle. Les enseignant-es, les professionnel-les des soins de santé, les parents et de façon encore plus importante les jeunes personnes prennent de plus en plus conscience des éléments manquants dans l’éducation sexuelle. Tous et toutes se mobilisent. Et nous avons un nouvel ensemble de points de repère, dans les Lignes directrices canadiennes pour l’éducation en matière de santé sexuelle, afin de guider la prestation d’une éducation sexuelle de qualité, fondée sur les données probantes et conforme aux normes des droits de la personne.
Avec ce mouvement en ébullition, nous souhaitons voir l’éducation sexuelle sur la table de travail du Conseil de la fédération, cette année, et au sommet de l’ordre du jour de l’an prochain.
Nous avons besoin de résultats concrets – des réformes des programmes d’enseignement, des investissements financiers qui fournissent aux personnes enseignantes ce dont elles ont besoin – et ce qu’elles demandent – pour donner un enseignement de qualité en matière de santé sexuelle. Nous y arriverons si nous tous et nous toutes, en tant qu’enseignant-es, parents, professionnel-les des soins de santé et allié-es, réussissons à appeler nos dirigeant-es politiques à réitérer cet important message : l’éducation sexuelle sauve des vies.
Si vous croyez au droit de chaque personne de vivre une vie en sécurité, en santé et sans violence, faites-vous entendre. Les jeunes ont besoin de vous.