Déclaration sur la santé et les droits sexuels et génésiques pour les consultations pré-budgétaires canadiennes de 2022

Ces dernières années, le Canada a pris des engagements historiques en matière de santé et de droits sexuels et génésiques (SDSG), notamment en allouant pour la première fois 45 millions de dollars à la SDSG dans le budget fédéral de 2021 et en s’engageant en 2019 à consacrer annuellement 700 millions de dollars aux domaines négligés de la SDSG à l’horizon 2023.

À l’échelle mondiale, la santé sexuelle et génésique ainsi que les droits qui s’y rattachent sont la cible d’une montée inquiétante des mobilisations anti-droits et anti-démocratiques. Les opposant-es à la SDSG déploient des efforts concertés pour faire reculer les droits aux paliers infranational, national et mondial. Le Canada a un rôle à jouer pour contrer ces attaques qui s’en prennent à la SDSG et à la démocratie : il se doit d’être un ardent défenseur de la SDSG.

À cette fin, nous devons continuer à consolider notre position, au Canada.

Comme des études et des rapports l’ont déjà mis en évidence, la COVID-19 a grandement intensifié les difficultés d’accès qui existaient déjà en lien avec les services de santé sexuelle et génésique (SSG). C’est particulièrement le cas pour les personnes handicapées, sans papiers, criminalisées (comme les travailleuse(-eur)s du sexe) – et en région rurale, où nous avons constaté la fermeture de maternités et de cliniques, des retards dans les tests de dépistage d’infections transmissibles sexuellement (ITS), de même que la nécessité que des gens se rendent dans des centres urbains pour se faire soigner alors que les mesures de santé publique les en empêchaient.

Le gouvernement fédéral est tenu, en vertu de l’article 36 de la Loi constitutionnelle, de garantir les services de santé essentiels à tous les Canadiens et toutes les Canadiennes sur une base égale.

Les centres et cliniques de santé sexuelle sont des partenaires clés dans de nombreux plans d’action nationaux tels que le Cadre d’action pancanadien sur les ITSS et la Stratégie canadienne pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe. Ces établissements offrent une gamme de services cliniques et éducatifs tels que des contraceptifs à faible coût, l’insertion de stérilets, le dépistage et le traitement des ITSS, le counseling en matière de santé sexuelle, les soins d’avortement et l’éducation sexuelle. Nombre de ces centres étaient déjà sous pression avant la COVID-19 et la situation est maintenant critique.

Dans les Maritimes, certains centres de santé sexuelle doivent fermer jusqu’à cinq mois par an en raison du manque de fonds.

Le Canada doit veiller à ce que toutes les personnes aient accès en temps opportun aux soins de santé sexuelle et génésique, en établissant un nouveau transfert fédéral aux provinces et aux territoires – le Transfert en matière de santé sexuelle et génésique – pour aider les provinces et territoires à élargir la prestation de services de SSG de grande qualité et accessibles, y compris les soins d’avortement.

En plus de ce transfert en santé sexuelle et génésique, le gouvernement fédéral doit attacher des conditions à tout argent qu’il donne aux gouvernements provinciaux, de manière à répondre à des situations où les provinces ne garantissent pas un réel accès à des services de santé essentiels, comme le Nouveau-Brunswick dans le dossier de la Clinique 554.

Dans le même ordre d’idées, nous n’avons pas encore vu d’engagements pour l’éducation sexuelle complète (ÉSC), alors que le mouvement militant anti-genre jouit d’un financement transnational et sape toute une décennie de progrès en matière de droits des femmes et d’égalité des genres dans le monde. L’ÉSC a un rôle clé à jouer dans la concrétisation d’un large éventail de droits liés à la sexualité, au genre, à la reproduction, aux moyens de subsistance et à l’éducation. De nombreux États de toutes les régions du monde ont reconnu l’impact transformateur de l’ÉSC et ont pris des mesures politiques, financières et stratégiques pour faire en sorte que les enfants et les jeunes sous leur juridiction aient accès à une ÉSC de grande qualité et scientifiquement exacte. En 2018, le Canada a reçu une communication des Procédures spéciales des Nations Unies lui demandant instamment de normaliser l’ÉSC à l’échelle du pays. Nous avons besoin d’un leadership fédéral pour l’ÉSC et cela nécessite des investissements pour garantir la capacité des provinces et des territoires à se conformer aux Lignes directrices canadiennes pour l’éducation en matière de santé sexuelle (2019).

Posté sur 2022-03-09
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