Depuis des décennies, les personnes racisées, les migrant-es, les personnes déplacées et les réfugié-es réclament un statut d’immigration permanent et entier pour tous et toutes. Aujourd’hui, grâce à leurs efforts, le ministre canadien de l’Immigration a été chargé de présenter un plan visant à accorder la résidence permanente (RP) aux travailleur(-euse)s de tous les niveaux de compétence d’ici le 8 septembre 2022. Le premier ministre Justin Trudeau a également chargé le ministre de l’Immigration d’aller de l’avant pour régulariser le statut des travailleur(-euse)s sans papiers, ouvrant ainsi la voie vers la citoyenneté pour les travailleur(-euse)s essentiels à bas salaire et les personnes sans papiers.
Action Canada se appuie les organisateur(-trice)s migrant-es et demande au gouvernement de prendre des mesures audacieuses pour garantir la santé et les droits de tou-te-s au Canada. Nous faisons écho aux demandes du Migrant Rights Network – notamment la régularisation de toutes les personnes sans papiers et le statut de résidence permanente pour les 1,7 million de personnes qui ne l’ont pas, afin de ne laisser personne derrière. Cela doit se faire conjointement à un moratoire sur les détentions, les déportations et autres mesures d’application de la loi sur l’immigration.
Les personnes migrantes sont l’épine dorsale du pays – elles contribuent à cultiver nos aliments, à prendre soin de nos enfants et de nos aîné-es, et à transporter des marchandises. Pourtant, elles sont confrontées à de nombreuses violations de leurs droits, notamment le manque d’accès à l’avortement. Or, à la suite de la décision de la Cour suprême des États-Unis d’annuler l’arrêt Roe v. Wade, les Canadien-nes cherchent des moyens de protéger le droit à l’avortement, et l’accès équitable à l’avortement ne peut exister sans justice pour les migrant-es.
Grâce à notre Ligne d’accès, un service téléphonique et SMS gratuit pour les personnes au Canada qui ont des questions ou ont besoin de soutien en matière de santé sexuelle et génésique, nous entendons parler de nombreux obstacles rencontrés au Canada lorsqu’on essaie d’accéder à l’avortement. Chaque mois, nous parlons à des centaines de personnes, dont beaucoup doivent se déplacer et payer les frais que cela comporte, pour y avoir accès. Pour bon nombre, cela signifie une perte de revenus due à un arrêt de travail, en plus de frais de voyage, d’hébergement, de nourriture, de garde d’enfants et de soins aux aîné-es. L’accès est encore plus difficile pour les personnes qui rencontrent du racisme dans le système de santé, qui ont des difficultés financières, qui sont handicapées, qui sont jeunes ou qui sont maltraitées en raison de leur identité de genre ou de leur sexualité.
Outre ces problèmes d’accès, les migrant-es sont également confronté-es à des obstacles particuliers. Nombreux(-ses) sont ceux et celles qui doivent attendre trois mois avant de pouvoir accéder au système de santé public, ou qui se trouvent dans des régions éloignées, sans accès aux transports, qui n’ont pas d’espace intime ou d’accès à l’information, ou sont confronté-es à des barrières linguistiques. Plusieurs travaillent également dans des environnements où ils/elles sont fortement exploité-es et ne bénéficient pas des protections nécessaires en matière de travail, comme des congés de maladie payés, pour accéder à des soins sans crainte de représailles ou de licenciement qui entraînerait la perte de leur visa. Certain-es sont parrainé-es par des partenaires qui en abusent et qui pratiquent une coercition reproductive ou contrôlent l’accès aux documents nécessaires. Il existe également au Canada quelques situations où l’accès à des soins d’avortement nécessite de se rendre aux États-Unis. Le risque de détention ou de déportation signifie que nombre de migrant-es ne peuvent pas obtenir les soins qu’il leur faut.
Une grande partie des personnes qui font appel à notre Ligne d’accès sont confrontées à des obstacles liés à leur statut d’immigration. Nous observons que la grande majorité des personnes qui ne peuvent finalement pas accéder à un avortement au Canada ont un statut d’immigration précaire ou sont sans papiers. Nous soutenons également les personnes aux prises avec des obstacles financiers à l’avortement, et certains mois, les migrant-es et les personnes sans papiers représentent jusqu’à un tiers de l’ensemble des personnes que nous soutenons grâce à notre Fonds d’urgence Norma Scarborough. Année après année, ce fonds se retrouve avec un solde de zéro et nous comptons sur les dons pour soutenir les personnes au statut précaire qui nous contactent pour avoir accès à l’avortement.
Nous attendons avec impatience qu’adviennent le statut pour tou-te-s et d’autres mesures en faveur de services universellement accessibles, du travail décent et des droits du travail, ainsi que de la justice économique et raciale. Nous affirmons que l’accès à l’avortement est intrinsèquement lié à d’autres éléments des droits humains que nous devons faire avancer ensemble. La lutte pour l’égalité d’accès à l’avortement va de pair avec d’autres problèmes systémiques, car les obstacles auxquels les gens sont confrontés aujourd’hui ont été construits et maintenus par des systèmes d’oppression soutenus par la suprématie blanche, le colonialisme et le capitalisme.
Le droit à la santé est un droit humain. Or les personnes migrantes et sans papiers ont et méritent les mêmes droits que tout le monde. Notre gouvernement doit veiller à ce que les services de santé sexuelle et génésique, y compris l’avortement, soient disponibles et accessibles à tou-te-s. Garantir un statut d’immigration complet et permanent pour tou-te-s nous rapproche d’un monde où les droits de chacun-e seront réalisés et respectés