This content was originally published in September 2020 and may be out of date.
Lorsqu’il est question de santé sexuelle et d’expériences sexuelles, les relations (humaines) jouent un rôle déterminant. C’est vrai même pour les relations occasionnelles avec des partenaires sexuel-les sans débouché sur des relations romantiques ou amicales. En effet, dans sa plus simple expression, une relation est ce que deux ou plusieurs individus ou groupes pensent les uns des autres et la façon dont ils se comportent entre eux.
Apprendre à développer des relations saines – à court et à long terme, et de nature sexuelle, romantique ou amicale – est un processus qui dure toute la vie. Avec le temps, on peut acquérir les compétences nécessaires à établir et cultiver des relations saines. Des relations de tous les types peuvent rendre notre vie plus riche et épanouie. Elles nous aident à nous sentir connecté-es avec les gens qui nous entourent, ce qui est essentiel au bien-être humain.
Avant d’examiner les ingrédients clés des relations saines, il peut être utile d’analyser nos propres attitudes à l’égard du sexe et des relations. Commençons par la négativité sexuelle et la positivité sexuelle.
Négativité sexuelle
L’idée que le sexe est néfaste, honteux, répugnant ou péché circule depuis des siècles. Même si la procréation ou les relations sexuelles dans le contexte du mariage sont acceptées, l’idée selon laquelle le plaisir, le corps et le sexe sont (au mieux) des maux nécessaires est profondément enracinée dans plusieurs cultures.
Ces attitudes ont évolué avec le temps. Mais, à plusieurs égards, nous avons simplement déplacé les limites des types de sexe qui sont permis. Nous continuons d’identifier des formes répandues d’expression sexuelle comme étant au-delà des limites acceptables de la sexualité. Les actes sexuels sont classés – la procréation dans le cadre du mariage hétérosexuel étant au sommet de la hiérarchie, et la masturbation et les sexualités non hétérosexuelles, plus près du bas.
La négativité sexuelle dévalorise la sexualité et l’expérience. Elle nous fait croire que toute expression sexuelle non conforme à ce que la société a défini comme étant normale n’a pas de valeur. Elle élimine l’expression franche des sexualités et la connexion authentique entre les gens. Elle encourage souvent la honte et la peur à l’égard de la sexualité.
Positivité sexuelle
En revanche, la positivité sexuelle signifie avoir des attitudes positives à l’égard de la sexualité et se sentir à l’aise avec notre propre identité sexuelle, nos comportements et ceux des autres.
C’est être ouvert-e à l’apprentissage sur le sexe et l’activité sexuelle, à la découverte de notre corps, de celui de nos partenaires et de tous les aspects physiques, émotionnels et psychologiques de l’intimité.
C’est considérer le sexe comme un aspect sain de la vie qui devrait être agréable (si on est sexuel-le, mais certain-es d’entre nous sont asexuel-les). Pour une personne positive à l’égard de la sexualité, il est possible de parler de sexe sans honte ni gêne. Ce n’est pas un sujet tabou.
Avoir une attitude positive à l’égard du sexe implique d’accepter les pratiques sexuelles des autres, pour autant que toutes les personnes concernées donnent leur consentement et se sentent en sécurité, sans jugement moral. Cela signifie accepter l’existence de comportements sexuels qui peuvent être différents des nôtres, comme les relations sexuelles avec des personnes du même sexe, le mariage ouvert ou le sexe à trois.
C’est également accepter sans jugement les orientations sexuelles et le mode de vie des autres, lorsque toutes les personnes en cause et touchées sont en sécurité et aptes à donner leur consentement.
Ça nous aide à mettre de côté nos jugements et à faire place à la diversité de la sexualité humaine.
Plusieurs confondent la positivité sexuelle avec un enthousiasme ou un caractère aventureux sur le plan sexuel. Ou avec la croyance que les relations sexuelles sont toujours une chose bonne/positive, ou que si tu as une attitude positive à la sexualité, tu es toujours prêt-e à avoir des relations sexuelles et tu le fais probablement souvent! Mais on peut avoir une attitude positive à la sexualité et avoir très peu de relations sexuelles ou ne pas en désirer du tout. Eh oui, il est possible de cultiver la positivité sexuelle tout en étant asexuel-le.
La positivité sexuelle, c’est une attitude générale à l’égard de la sexualité, qui consiste à respecter notre sexualité et son expression ainsi que celles des autres, même si elles sont différentes des nôtres – c’est tout.
Et la bonne nouvelle, c’est que parler de sexe ouvertement et sans jugement comporte des bienfaits démontrés! Des conversations ouvertes et aisées à propos de la sexualité peuvent contribuer à réduire :
- • les taux de VIH, d’ITS et de grossesses non planifiées
• le taux de suicide et les préoccupations liées au stress
• les obstacles à l’accès aux soins de santé
• la discrimination (homophobie, transphobie, etc.)
et à améliorer :
- l’estime de soi et l’estime sexuelle
- l’image corporelle positive
- l’accès à l’information
- la satisfaction sexuelle
- la reconnaissance de la sexualité de toutes les personnes, quels que soient leurs capacités, leur âge, leur orientation sexuelle, leurs activités sexuelles, leur statut VIH, etc.
L’apprentissage de la positivité sexuelle peut aider à guérir notre rapport à la sexualité et à avoir une relation plus saine avec soi-même et les autres.
Sécurité dans nos relations
Violence d’un-e partenaire intime
Une relation peut fonctionner bien et apporter beaucoup de joies aux partenaires; une relation peut aussi nous déprimer, nous donner le sentiment d’être pris-e au piège, ou vidé-e mentalement et émotionnellement. Certaines relations peuvent menacer ton bien-être ou ta sécurité.
La violence d’un-e partenaire intime et la violence sexuelle sont des enjeux importants qui ont de profondes répercussions sur les personnes qui les vivent (y compris les enfants qui en sont témoins).
La violence d’un-e partenaire intime désigne la violence exercée par un-e partenaire ou un-e conjoint-e actuel-le ou ancien-ne. Elle peut inclure de la violence physique (sexuelle ou non) – mais pas toujours. Plusieurs d’entre nous ne reconnaissent pas les comportements violents s’il n’y a pas de coups. Les relations violentes sur le plan émotionnel, mental et sexuel sont tout aussi destructrices. La violence d’un-e partenaire peut également ressembler à de la manipulation et des abus émotionnels, de même qu’à un contrôle économique (par exemple, contrôler la façon dont une personne dépense son argent ou surveiller ses achats), à un dénigrement constant, à l’isolement, etc. Malheureusement, les émissions de télévision et la culture populaire présentent souvent la jalousie intense et les comportements contrôlants comme un signe d’« amour » ... Pourtant, ces signes peuvent indiquer une relation malsaine et potentiellement violente.
Nous méritons tou-te-s de vivre confortablement et en sécurité, sans violence ni menace de violence.
Est-ce que c’est sain? Évaluer nos relations
Tout comme il est très important de savoir cultiver des relations saines, il est également essentiel de connaître les signes avertisseurs d’une relation malsaine ou potentiellement violente. La présente section examine certains indices de relation malsaine ou violente.
Les comportements malsains ou violents au sein de relations ne se limitent pas à celles de nature romantique. La liste suivante peut nous aider à évaluer d’autres relations importantes dans nos vies, comme celles avec nos collègues, nos ami-es, notre famille, etc.
Conseil éclair : Les abus ne se produisent pas seulement chez les personnes cis et/ou dans les relations hétérosexuelles. La violence conjugale/d’un-e partenaire intime est un enjeu sérieux dans la communauté LBGTQ2IA+, où les taux sont comparables à ceux des relations hétéros. Dans tous les types de relations, ces taux ont tendance à être sous-déclarés. Si tu es LGBTQ2IA+, il est possible que tu aies encore plus de mal à trouver du soutien ou un traitement en raison de la stigmatisation ou de la difficulté d’accès à un-e fournisseur(-euse) de services sociaux ou de santé familiarisé-e avec tes relations et ta situation. Tu as droit à de l’aide et à du soutien. Les jeunes de moins de 29 ans peuvent envoyer des textos ou téléphoner au service d’assistance Jeunesse, J’écoute : https://jeunessejecoute.ca/ ou Youthline : https://www.youthline.ca/
Tu es peut-être dans une relation violente si ton/ta partenaire fait de ces choses :
- Refuse de discuter de tes préoccupations ou de les écouter, ou les rejette comme si elles n’avaient aucune importance
- Te rabaisse quand tu te sens bien
- Ne t’écoute pas ou t’ignore
- Manipule ta pensée en te donnant l’impression que tu ne peux pas te fier à tes propres impressions sur une situation, sur ce qui t’arrive ou se passe autour de toi (on appelle ça « gaslighting », en anglais)
- Attaque ou ridiculise un aspect de ton identité (croyances, valeurs, intérêts, personnalité)
- Tente de te mettre dans l’embarras devant d’autres personnes
- Te manque de respect, t’insulte, t’humilie ou te rabaisse de quelque façon que ce soit
- Te demande où tu vas, avec qui et pour combien de temps
- Te donne l’impression de marcher tout le temps sur des œufs
- Disparaît sans te dire où il/elle va et bloque toute tentative de lui parler d’un comportement irrespectueux ou inquiétant
- Fouille tes effets personnels comme ton téléphone, tes courriels, ton journal intime, ton courrier ou tes poches
- Tente de dicter avec qui tu peux et/ou ne peux pas passer du temps (y compris des ami-es, des membres de ta famille, des collègues); de te rendre méfiant-e des membres de ton entourage ou de te détacher d’eux – une tactique de « toi et moi contre le monde »
- T’isole des autres et peut t’éloigner de ta famille et de tes ami-es
- Nuit à ta capacité d’avoir un emploi ou d’aller à l’école
- Contrôle tes finances, te prend de l’argent
- A un problème de jalousie ou essaie de contrôler ce que tu fais, ce que tu portes, qui tu vois ou comment tu agis
- N’a pas d’ami-es proches
- Ne prend pas la responsabilité de sa propre vie et de ses actions; blâme les autres pour ces choses
- Ne respecte pas tes limites et ton espace personnel
- Cherche à te faire sentir coupable afin d’avoir des relations sexuelles avec toi
- Te force à faire des choses, sexuellement, que tu ne veux pas faire
- Essaie de te faire peur en faisant des choses dangereuses (comme conduire l’auto trop vite)
- Devient colérique ou violent après avoir pris de la drogue ou de l’alcool
- Te menace, ou menace tes ami-es, ta famille ou ton animal de compagnie, ou menace de se tuer si tu ne fais pas ce qu’il ou elle veut
- A déjà agi avec violence à ton égard, d’une façon ou d’une autre; ceci inclut : te bousculer, te gifler, te frapper, te donner un coup de pied, te mordre, te donner un coup de poing, t’étrangler, ou te menacer, et d’autres choses aussi.
Si certaines ou plusieurs de ces choses se produisent dans ta relation, il vaudrait la peine de l’examiner attentivement et peut-être de demander un soutien externe pour parler de tes expériences de manière plus approfondie. Les relations violentes prennent diverses formes et n’impliquent pas nécessairement de violence physique. Il est important de ne pas catégoriser les relations violentes – par exemple, en pensant qu’une relation n’est « vraiment » violente qu’en présence de violence physique. Cela pourrait avoir pour effet que de nombreuses personnes, parce qu’elles n’ont jamais été frappées, nient qu’elles subissent des comportements problématiques et sont dans une relation malsaine ou violente.
Besoin de plus d’information? Un outil important aide plusieurs personnes à évaluer leur relation pour voir s’il y a des tendances de contrôle ou de comportements abusifs : la Roue du pouvoir et du contrôle.
Quitter une relation violente
Si tu es dans une relation où tu ne te sens pas en sécurité à 100 %, une chose que tu peux faire est d’en parler à quelqu’un. Parles-en à un-e ami-e. Parles-en à quelqu’un qui travaille dans un organisme digne de confiance. Tu n’es pas seul-e et des gens peuvent t’aider. Lorsqu’on envisage de quitter une situation de violence, la considération la plus importante est la sécurité – la tienne, celle de tes enfants, de tes animaux domestiques, etc. Voici quelques conseils pour planifier la sécurité :
Planifier la sécurité
- Identifie des ami-es et des lieux sûrs (par exemple, où tu peux loger si tu quittes ton domicile) et garde leurs coordonnées à portée de main
- Si tu connais une personne digne de confiance, informe-la des changements importants dans ta relation (par exemple, si tu envisages de rompre avec ton ou ta partenaire) afin qu’elle soit au courant au cas où tu aurais besoin de soutien ou d’aide pour t’en sortir. Demande-lui de prendre de tes nouvelles après un certain temps, si c’est utile ou possible dans ta situation. Si tu aides une personne à quitter une relation violente, ne partage aucun renseignement sur l’endroit où elle se trouve – cette information pourrait se rendre jusqu’à son/sa partenaire. Les partenaires violent-es peuvent être très rusé-es pour trouver ces informations!
- Pense aux articles essentiels dont tu as besoin si tu dois quitter ton domicile ou si tu décides de le faire
- Conserve tes documents importants dans un lieu sûr
- Trouve des ressources locales en violence familiale et garde ces informations à portée de main. Vérifie s’il existe un centre de crise ou une ligne de téléassistance dans ta région et conserve ces informations.
N’oublie pas que chaque personne est l’experte de sa vie et de sa situation; c’est donc toi qui connais le mieux le type de mesures à prendre. Tu peux demander conseil à un organisme au service des personnes qui quittent une relation violente, pour savoir comment assurer ta sécurité et celle de tes personnes à charge.
Soutenir un être aimé qui est dans une relation violente
Lorsqu’on entend un témoignage d’une personne qui est dans une relation violente, notre première réflexion pourrait être « Pourquoi ne part-elle pas tout simplement? » ou « Pourquoi la personne est-elle restée? ». Ces questions ne sont pas simples.
Il est important de comprendre que plusieurs facteurs peuvent rendre très dangereux de quitter la relation. En fait, la violence peut s’intensifier lorsqu’une personne tente de quitter son/sa partenaire violent-e. Par exemple, une personne violente pourrait prendre tous les moyens nécessaires pour empêcher son ou sa partenaire de partir, ou s’emporter si elle a le sentiment d’être abandonnée. Lorsqu’on demande à une personne pourquoi elle est restée dans une relation violente, on lui fait involontairement porter la responsabilité de ce qu’elle vit, sans comprendre tout ce qu’elle doit gérer et prévoir pour rester en sécurité. De plus, cela réduit malheureusement les chances qu’elle nous fasse confiance et nous demande éventuellement de l’aide.
Une meilleure question à se poser lorsqu’on veut soutenir quelqu’un est celle-ci : Comment puis-je aider cette personne à être plus en sécurité? Il ne s’agit jamais de juger ou de poser des ultimatums, car le plus important est de ne pas isoler davantage la personne de qui tu te préoccupes. De bon-nes ami-es et allié-es peuvent jouer un rôle important.
Violence sexuelle et fondée sur le genre
« Violence sexuelle » est un terme général qui désigne toute violence (physique ou psychologique) exercée par des moyens sexuels ou ciblant la sexualité.
La violence sexuelle est parfois utilisée comme arme pour humilier, effrayer ou punir intentionnellement quelqu’un. Le plus souvent, les personnes qui exercent de la violence sexuelle sont motivées par un désir sexuel et une impression de légitimité. L’attitude de légitimité sexuelle, comme un droit acquis, c’est accorder plus d’importance à sa propre satisfaction qu’au confort de l’autre personne – et c’est un facteur de harcèlement et de violence sexuels. Elle s’observe par exemple quand certains garçons et hommes considèrent le sexe comme quelque chose à « tirer » des filles, réduisant les femmes à de simples objets et niant leur humanité.
La façon dont les garçons et les hommes sont encouragés à solidariser à propos de leur sexualité agressive ou de leurs conquêtes sexuelles, les normes qui dictent quelles personnes exercent un pouvoir sur d’autres (sur la base de facteurs comme la race et le genre) et le manque de compréhension du consentement sexuel sont autant de facteurs qui contribuent à des taux élevés de violence sexuelle.
Les définitions juridiques de ce que constitue l’agression sexuelle aux yeux des tribunaux ne reflètent pas toujours toutes les formes de la violence sexuelle. Les comportements sexuels violents font partie d’un continuum; nous en avons normalisé plusieurs qui contribuent à la permissivité et à la prévalence de comportements plus extrêmes.
On dit souvent de se méfier des inconnu-es. Il est bien d’être prudent-e dans des endroits inconnus ou lorsqu’on est seul-e à une fête ou ailleurs, mais la grande majorité des agressions sexuelles sont commises par des personnes qu’on connaît et dans des lieux familiers comme notre maison, notre lieu de travail ou la maison d’un-e ami-e. L’agression sexuelle peut arriver à n’importe qui – quel que soit ton sexe, ta sexualité ou ton identité – et elle comprend (entre autres) :
- Tout attouchement ou acte de nature sexuelle non désiré, y compris le viol (pénétration forcée du vagin, de l’anus ou de la bouche, avec les doigts, un pénis, un jouet sexuel ou autre objet), qui se produit par la force physique ou sous la coercition*.
*Faire pression sur quelqu’un ne passe pas toujours par la violence. Dans ce contexte, la coercition signifie soumettre quelqu’un à des actes sexuels non désirés au moyen de menaces, d’intimidation, de manipulation ou en utilisant de l’alcool ou la drogue pour diminuer ses inhibitions ou exploiter son état d’ébriété. Il peut s’agir d’humilier ou de harceler quelqu’un (« Je pensais que tu étais cool, mais on dirait que t’es coincé-e »), de culpabiliser quelqu’un qui dit non (« Je pensais que tu m’aimais, j’ai tant fait pour toi »), de harceler une personne jusqu’à ce qu’elle cède, de mettre la personne mal à l’aise parce qu’elle dit non, de ne pas respecter ses limites et d’aller de l’avant même en présence d’un malaise, etc. À la base, le consentement sexuel doit être donné librement. Le silence ou l’absence de coups et de cris ne veut pas nécessairement dire qu’il y a consentement.
- Être forcé-e de regarder une activité sexuelle non désirée ou d’y participer
- Tout commentaire verbal à caractère sexuel non désiré (par exemple, miaulements de matou, harcèlement dans la rue, insultes homophobes, surnoms sexuels, humiliation liée à la promiscuité sexuelle en public ou au sein de groupes d’individus qui se connaissent)
- La réception de photos à caractère sexuel (nus, photos-phallus (dick pics), etc.) sans ton consentement ou le partage à d’autres personnes et sans ta permission de photos que tu avais envoyées à quelqu’un en privé
- L’intimidation sexuelle qui cible des personnes en raison de leur sexualité ou qui utilise ce motif pour les intimider et/ou les isoler. Ceci peut inclure de répandre des rumeurs sexuelles (en personne, par texto ou en ligne), d’écrire des messages à caractère sexuel à propos de personnes dans des cabinets de toilettes ou d’autres lieux publics, de faire participer d’autres personnes à des commentaires et des blagues de nature sexuelle, de publier des commentaires, des photos ou des vidéos à caractère sexuel dans les médias sociaux, etc.
Selon les lois canadiennes, tu as le droit de dire non à toute forme d’activité sexuelle, y compris avec une fréquentation, ton/ta partenaire, un-e inconnu-e, un membre de ta famille ou ton/ta conjoint-e. Fait important, ce droit s’applique également lorsque tu as consenti à avoir des relations sexuelles mais que tu changes d’avis en cours de route si les choses commencent à évoluer dans un sens qui ne te convient pas. Une agression sexuelle n’est jamais de ta faute – c’est un acte de violence. Personne n’a le droit de te forcer à avoir une activité sexuelle non désirée ou de faire pression sur toi dans ce but.
Que faire si tu es agressé-e sexuellement
Si toi ou quelqu’un que tu connais avez été agressé-e sexuellement, il y a des personnes à qui tu peux parler. Pour obtenir une liste de centres d’aide aux victimes de viol et de maisons de transition par province et territoire, consulte le site de l’Association canadienne des centres contre les agressions à caractère sexuel. Un-e intervenant-e t’indiquera les options qui s’offrent à toi, notamment demander une assistance médicale, déposer un rapport de police et obtenir du soutien et des conseils. Tu n’es pas obligé-e de faire ces choses; on t’aidera simplement à comprendre ce que tu peux faire et comment procéder.
Si tu as vécu une agression sexuelle, il est possible que tu aies des besoins physiques et médicaux immédiats qui seront mieux pris en charge par un-e fournisseur(-euse) de soins de santé. Dans certains cas, des personnes demandent à un-e employé-e médical-e de recueillir des preuves de fibres vestimentaires, de cheveux, de salive, de sperme ou de fluides corporels, dans le cadre d’une procédure appelée « trousse de viol ». Les preuves physiques d’une agression peuvent parfois être importantes lorsqu’on décide de porter plainte. Il est préférable de le faire si tu n’es pas certain-e de vouloir porter plainte maintenant, mais que tu ne l’exclus pas pour plus tard.
Si tu risques de devenir enceinte, tu peux utiliser la contraception d’urgence jusqu’à cinq jours après une pénétration vaginale non protégée. Des professionnel-les de la santé peuvent t’aider à connaître les options qui s’offrent à toi pour le dépistage des infections transmissibles sexuellement (ITS).
Peut-être te sens-tu en colère, impuissant-e ou effrayé-e, après une agression sexuelle. Ou peut-être pas. Il n’y a pas une façon unique de se sentir qui soit « normale ». Après une agression sexuelle, tu commenceras à reconstruire un sentiment de sécurité et de contrôle, à ta manière et à ton rythme. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire. Pour chercher de l’aide, c’est à toi de choisir avec qui tu veux parler de ton histoire. Certaines personnes décident de signaler leur agression à la police, tandis que d’autres décident de ne pas le faire. Cette décision toujours complexe appartient à la personne qui a été agressée. Il n’est pas correct de la forcer à porter plainte. L’un des effets de l’agression sexuelle est la perte d’un sentiment de contrôle ou de pouvoir; ceci peut se reconstruire avec le temps, mais le fait de forcer une personne à réagir à son agression sexuelle d’une manière spécifique peut aggraver son sentiment d’impuissance. Quelle que soit la manière dont tu te rétablis après une agression sexuelle, un soutien émotionnel peut être extrêmement utile, que ce soit de la part d’ami-es ou de membres de ta famille dignes de confiance, de groupes de soutien entre pair-es ou de professionnel-les qualifié-es.
Qu’est-ce que le blâme des victimes?
« Blâme des victimes » est une expression décrivant la situation d’une victime d’agression sexuelle à qui l’on dit que ce qui s’est passé est sa faute. Souvent, cela se manifeste par des questions qui sous-entendent que la personne agressée a fait quelque chose qui fait en sorte que l’agression est sa faute, ou partiellement sa faute – par exemple : « Qu’est-ce que tu portais? », « Pourquoi rentrais-tu à la maison tout-e seul-e? », « Que pensais-tu qu’il arriverait en l’excitant comme ça? », etc. Cela envoie le message que si la personne victime/survivante avait agi autrement, l’agression sexuelle ne serait pas arrivée, et l’attention est portée sur ce dont elle est responsable plutôt que sur le choix de l’auteur-e d’agresser quelqu’un. Les médias et leur couverture sensationnaliste des agressions sexuelles sont souvent les principaux responsables du blâme des victimes.
N’oublie pas que personne ne demande à être agressé-e sexuellement ou ne le mérite. Ce n’est jamais la faute de cette personne, peu importe les vêtements qu’elle portait, jusqu’à quelle heure elle est sortie ou sa relation avec l’agresseur-e.
Violence fondée sur le genre
La violence fondée sur le genre est une violence dirigée contre une personne à cause de son genre. Elle touche de manière disproportionnée les femmes et les filles, mais aussi les personnes trans, non binaires et bispirituelles ou toute personne dont l’expression de genre diffère de la norme (par exemple, un homme cis à l’« allure féminine »). Le plus souvent, elle est perpétrée par des hommes, y compris de jeunes hommes, mais des personnes de tous les genres peuvent participer à la violence fondée sur le genre.
Elle comprend tout acte de violence qui peut causer un préjudice physique, sexuel, psychologique ou économique à une personne en raison de son sexe et de son expression de genre. Il peut s’agir de harcèlement dans la rue (attouchements, sifflements, miaulements de matou, attention non désirée dans des lieux publics), de harcèlement criminel, de violence sexuelle, de coups, de bousculades, de gifles ou de coups de pied, ou d’abus psychologique ou émotionnel comme les menaces, les insultes, l’humiliation, la fuite d’informations personnelles (« doxxing »), la publication en ligne de commentaires harcelants et l’isolement d’une personne de ses ami-es et de sa famille. La violence d’un-e partenaire intime en est une forme très courante.
Gender-based violence makes those who are targeted feel unsafe and is used to assert power and control. We aren’t always aware we’re using violence; some gender-based violence can be done without thinking about it or be qualified as “just teasing” or “just jokes” for a laugh. People can also participate in it because they want to prove themselves to other men and boys or because they get swept up in a mob mentality.
La violence fondée sur le genre est très courante : 87 % des femmes déclarent en avoir subi au moins une fois dans leur vie. Les jeunes personnes devraient être éduquées sur le sujet à l’école ou par leurs parents, mais en réalité, on nous en apprend généralement très peu sur ce dont il s’agit et comment ne pas y contribuer. Afin de mieux comprendre la violence fondée sur le genre, il peut être utile de comprendre ce qui l’alimente : la misogynie.
Qu’est-ce qu’un plan de santé sexuelle?
Les décisions concernant les relations sexuelles sont souvent prises spontanément. De nombreuses personnes oublient de prendre le temps de réfléchir à leur plan de santé sexuelle. Ce plan peut nous aider à définir nos besoins, nos désirs et nos objectifs en matière de relations sexuelles, de même qu’à préciser des questions comme le dépistage des ITS ou la contraception. La préparation d’un tel plan implique de se poser des questions comme celles-ci :
- « Quels types d’activités sexuelles suis-je à l’aise d’avoir (s’il y en a)? »
- « Dans quelle situation (contact occasionnel, relation engagée ou mariage) est-ce que je veux avoir des relations sexuelles? »
- « Quelles sont mes attentes et de quoi ai-je besoin de la part de mes partenaires pour me sentir à l’aise, en sécurité et respecté-e et pour que mes besoins soient satisfaits? »
- « Est-ce que je suis prêt-e et capable de prendre les moyens nécessaires pour réduire les risques d’infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) et/ou de grossesse imprévue, ou d’y répondre? »
- « De quelles informations ai-je besoin pour rester en sécurité lorsque j’ai des relations sexuelles avec partenaire(s)? »
Prendre le temps de définir ce que vous voulez et ne voulez pas de votre vie sexuelle et comment vous prendrez soin de votre santé et de votre bien-être sexuels peut être une excellente façon d’anticiper vos besoins et d’y répondre et de développer une solide estime de soi.
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de créer un plan personnel de santé sexuelle qui vous convient et qui correspond à vos valeurs et à votre situation personnelle. Certaines personnes préfèrent le faire par écrit; d’autres aiment en parler avec des personnes en qui elles ont confiance; d’autres préfèrent le conserver dans leur tête. À chacun-e sa méthode!