Nous remercions le gouvernement du Canada (GdC) d’avoir fait de la responsabilisation et de la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants deux de ses objectifs essentiels, et de reconnaître l’importance des questions transversales que sont les mariages précoces ou forcés d’enfants et l’autonomisation des femmes et des filles. Étant donné les négociations qui demeurent en vue d’un programme de développement pour l’après-2015, nous encourageons le GdC à privilégier une responsabilisation axée sur les droits fondamentaux lors des discussions sur le suivi et la révision et, au chapitre de la mise en œuvre, à s’engager à financer de façon soutenue la lutte contre les inégalités et la pauvreté ainsi que la promotion de l’égalité des genres, des droits et du développement des jeunes, et de la santé, y compris la santé sexuelle et génésique (SSG).
Nous faisons écho aux appels de la société civile du Canada et d’ailleurs qui demandent aux gouvernements de s’assurer que la mise en œuvre du prochain cadre de développement international exigera de chaque pays qu’il respecte les principes fondamentaux que sont la non-discrimination, la transparence, la responsabilisation, la participation, l’autonomisation, la durabilité et la coopération internationale. À cette fin, chaque gouvernement devra impliquer sa société civile et les organismes et groupes les plus visés dans l’élaboration d’indicateurs qui appuieront la mise en œuvre du cadre de développement. Les responsabilités de chaque palier de gouvernement et de chaque secteur ministériel devront être précisées, et assorties d’un processus participatif de révision.
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a élaboré des mécanismes permettant d’intégrer les droits fondamentaux à la rédaction de politiques, à la conception et à la mise en œuvre de programmes, et à la révision de toute activité visant à lutter contre la mortalité et la morbidité maternelles évitables. Les principes identifiés dans l’aide technique et le rapport de suivi initial s’appliquent parfaitement à tout ce qui touche à la SSG, et doivent donc servir de référence dans l’élaboration du programme de développement pour l’après-2015.
Reposant sur une responsabilisation axée sur les droits fondamentaux, le troisième objectif sur la santé doit obliger les États à s’assurer que le droit des filles et des femmes à des services de SSG est respecté par les prestataires publics et privés de soins de santé. Le cadre doit traiter des structures et des inégalités sociales, y compris des lois et politiques qui privent les filles et les femmes d’information et de services de SSG. Par ailleurs, ce cadre doit obliger les donateurs d’aide internationale à agir à l’étranger dans le respect des droits fondamentaux des filles et des femmes. Ce cadre doit aussi permettre aux États de mettre en œuvre tous les droits fondamentaux, y compris ceux liés à la SSG, et d’intégrer le respect de ces droits à leurs engagements en matière d’aide internationale. Ce cadre doit enfin accorder la priorité aux processus, notamment axés sur les droits fondamentaux, plutôt qu’à des produits livrables, des résultats ou des chiffres.
Durant les négociations intergouvernementales qui demeurent et la conférence internationale à venir sur le financement du développement, nous encourageons le GdC à débloquer des fonds pour l’élaboration de mécanismes de responsabilisation du programme de développement pour l’après-2015 qui soient axés sur les droits fondamentaux. Le GdC devra également aider les autres pays à remplir leurs obligations liées à ces droits fondamentaux, mais aussi respecter ses propres engagements financiers tout en prévoyant une marge suffisante pour la mise en œuvre sur son sol de ce programme de développement pour l’après-2015, c’est-à-dire un suivi sectoriel impliquant secteurs ministériels, parlementaires, universitaires, partenaires en développement, donateurs et organismes de la société civile, dont ceux représentant les femmes, la jeunesse ou tout autre groupe marginalisé.
De façon tangible, il faudra investir davantage et de façon soutenue afin d’atteindre les cibles et de respecter les indicateurs caractérisés par le troisième objectif comme essentiels au droit à la santé, dont la SSG. Tout hiatus ou manque à gagner dans le financement de la SSG et des droits y-reliés nuit à la lutte contre la pauvreté et à l’atteinte d’une égalité des genres, réduit le revenu des ménages et les budgets publics, affaiblit la santé et les résultats scolaires, diminue la productivité et la présence sur le marché du travail, et fait obstacle à la croissance économique. Il est donc essentiel que le GdC augmente son budget d’aide internationale et inspire les autres donateurs à lui emboîter le pas, au nom d’un accès universel à de l’information, de l’éducation et des services abordables, acceptables et de qualité en SSG. Les éléments à assurer de façon intégrée comprennent la contraception, la planification familiale, l’avortement sans risque, les soins après avortement, les soins liés à la grossesse (soins pré- et postnataux, sages-femmes ou maïeuticiens, réseaux, et soins obstétricaux d’urgence), les technologies de reproduction assistée, les infections transmises sexuellement et les cancers de l’appareil reproducteur (prévention, traitement et soins).
En faisant des enfants et des jeunes l’une de ses priorités en développement international, le GdC doit cibler et promouvoir les droits, la participation et le développement des adolescents et des jeunes, notamment au chapitre de l’éducation des filles, du report de l’âge du mariage et des grossesses, et d’une éducation sexuelle complète. Jamais les jeunes n’ont été si nombreux sur Terre : 43 % de la population mondiale a moins de 25 ans, dont près de la moitié d’adolescents (1,2 milliard). Beaucoup de ces jeunes vivent dans la pauvreté, sont violentés ou exploités, et ont peu de débouchés scolaires ou professionnels. Seule une éducation complète et factuelle sur la sexualité, la SSG et l’égalité des genres mettra fin à la discrimination et à la violence fondées sur le genre et donnera aux adolescentes l’accès à l’information et aux services dont elles ont besoin en SSG. Le cadre du programme de développement pour l’après-2015 doit donc reconnaître le droit des enfants et des adolescents à une éducation sexuelle complète qui soit adaptée à l’évolution de leurs compétences : il s’agit d’un prérequis essentiel à l’atteinte de diverses cibles (3.3, 3.7, 4.5, 4.7, 5.1, 5.3 et 5.6, entre autres).
Étant donné la nature universelle du programme de développement pour l’après-2015, nous encourageons le GdC à lancer levitra au Canada un débat sur la mise en œuvre de ce cadre. Les principes adoptés par les États membres lors de la session de réflexion de janvier exigent donc une stratégie nationale de mise en œuvre de ce cadre assortie d’indicateurs, une réelle participation des divers intervenants visés, le financement de mécanismes de responsabilisation axée sur les droits fondamentaux, et une reddition de comptes soutenue et transparente.