L’accès à l’avortement sécuritaire est un droit humain et un besoin de soins de santé essentiel pour des millions de femmes, de filles et d’autres personnes pouvant devenir enceintes. Dans le monde, il est estimé que 61 % des grossesses non planifiées se terminent par un avortement, chaque année, tandis que sur l’ensemble des grossesses, 3 sur 10 se terminent par un avortement provoqué.
La criminalisation de l’accès à l’avortement
L’avortement est une intervention courante et très sécuritaire lorsqu’elle est pratiquée conformément aux directives médicales. Toutefois, on estime que 35 millions d’avortements non sécuritaires[1] ont lieu chaque année, généralement en raison de lois et de politiques qui limitent l’accès aux services d’avortement sécuritaire. Des cadres très restrictifs n’éliminent pas le besoin d’avortement ni son existence : ils ne font que stigmatiser et criminaliser les femmes et les filles qui cherchent à se faire avorter, et forcer des personnes enceintes à se tourner vers des avortements qui peuvent avoir lieu dans des conditions dangereuses. Environ 3,9 millions d’avortements non sécuritaires par année s’observent chez des filles âgées de 15 à 19 ans, ce qui contribue à la mortalité maternelle, à la morbidité et à des problèmes persistants de santé.
Les personnes de communautés à revenu faible et marginalisées sont affectées de manière disproportionnée par ces restrictions, ne pouvant accéder à d’autres options comme les voyages à l’étranger ou les services privés qui s’offrent à celles qui en ont les moyens. Ces lois et politiques exacerbent les inégalités sociales et mettent des vies en danger. Dans le monde, l’avortement non sécuritaire est l’une des cinq principales causes de décès maternel évitable, et il occasionne d’importantes blessures et complications à vie. On estime que 20 000 femmes et filles meurent chaque année de complications liées à des avortements non sécuritaires et qu’environ 7 000 000 de femmes sont hospitalisées chaque année en raison d’un avortement non sécuritaire. La quasi-totalité des décès et des handicaps liés à l’avortement pourrait être évitée grâce à l’éducation sexuelle, à l’utilisation d’une contraception efficace, à l’offre d’un avortement provoqué sécuritaire et légal et à la prise en charge des complications en temps opportun.
La restriction de l’accès à l’avortement viole des droits humains
Les organes de défense des droits humains ont maintes fois souligné que la décriminalisation de l’avortement et la garantie de l’accès à un avortement sécuritaire et à des soins post-avortement sont des éléments fondamentaux des droits à la vie, à la santé, à la protection contre la discrimination et la violence fondées sur le genre, et à la protection contre la torture.
La stigmatisation de l’avortement
Les lois qui restreignent l’accès à l’avortement stigmatisent une intervention médicale qui est sécuritaire et courante. Cette stigmatisation a de nombreuses répercussions, notamment sur le plan personnel et politique. La stigmatisation de l’avortement dissuade des personnes d’accéder à des services vitaux, elle empêche des professionnel-les de la santé de fournir des services et elle engendre un manque de connaissances qu’il est facile d’exploiter à des fins de mésinformation et de désinformation. La stigmatisation permet également aux gouvernements de se soustraire à leurs obligations de garantir l’accès à l’avortement sécuritaire.
Parce que l’accès à l’avortement sécuritaire est un droit humain
Tout le monde a droit à des soins d’avortement accessibles et de qualité, et personne ne devrait être criminalisé pour avoir cherché à obtenir ou avoir obtenu des services d’avortement.
Parce que l’accès à l’avortement sécuritaire est la clé de l’autonomie et de l’intégrité corporelles.
Chaque personne a le droit de prendre des décisions autonomes concernant son propre corps, y compris celle de poursuivre ou d’interrompre une grossesse.
Parce que les services d’avortement sont des services essentiels.
Les services complets de santé sexuelle et génésique, y compris l’avortement, sont des interventions de santé nécessaires pour garantir le droit à la vie, à la santé, à la vie privée et à la non-discrimination des femmes, des filles et des autres personnes pouvant devenir enceintes.
Parce que les avortements non sécuritaires et les décès qui en résultent sont évitables.
Dans le monde, l’avortement non sécuritaire est l’une des cinq principales causes de décès maternel évitable, et il occasionne d’importantes blessures et complications à vie. Ces conséquences peuvent être évitées lorsque l’accès à l’avortement sécuritaire et légal est garanti.
Why Canada must Continue to Invest in Safe Abortion Access
Pourquoi le Canada doit continuer à investir dans l’accès à l’avortement sécuritaire
L’avortement a été et demeure négligé par l’aide publique au développement et les mécanismes nationaux de financement de la santé. Cela contribue à un manque d’intégration des services d’avortement dans les systèmes de santé et laisse place à l’interruption des services lors de crises comme celle de la COVID-19 et lorsque l’avortement est utilisé comme arme politique comme dans le cas de la Règle du bâillon mondial des États-Unis.
De 2017 à 2021, la Règle du bâillon mondial des États-Unis (aussi appelée « Politique de Mexico ») avait été rétablie par le président Donald Trump. Cette politique empêchait les organismes étrangers recevant une assistance étatsunienne en matière de santé mondiale de fournir des informations, des références ou des services pour l’avortement légal, y compris de militer pour l’accès aux services d’avortement dans leur pays, même avec des fonds provenant d’autres sources. Les États-Unis étant une source de financement majeure de l’aide au développement, leur politique a eu de profonds impacts politiques et financiers à l’échelle mondiale, entraînant de graves préjudices et une régression de la santé et des droits sexuels et génésiques des femmes, des filles et des autres personnes pouvant devenir enceintes.
Au cours de cette période, le Canada est intervenu pour combler une partie du manque à gagner dû à la politique étatsunienne, dans le financement et le soutien de l’accès à des services de santé génésique complets, y compris les soins d’avortement. En 2019, le Canada a pris l’engagement historique supplémentaire d’investir 700 millions de dollars par an dans la santé et les droits sexuels et génésiques (SDSG), avec un point de mire sur les quatre domaines négligés de la SDSG : l’accès aux services d’avortement, les soins contraceptifs complets, le plaidoyer pour la SDSG et la SDSG des adolescent-es (y compris l’éducation sexuelle complète).
Afin de respecter cet engagement, il est essentiel d’assurer un déploiement efficace et transparent de ces fonds et de soutenir des programmes de qualité qui répondent aux besoins des femmes, des filles et de toutes les personnes d’orientations sexuelles et de genres divers.
En tant que champion de la SDSG, et conformément à sa Politique d’aide internationale féministe, le Canada doit continuer à financer et à soutenir des services d’avortement accessibles, sécuritaires et légaux ainsi que des soins post-avortement de qualité. Ces services font partie d’un ensemble essentiel, complet et intégré de services de santé sexuelle et génésique et sont fondamentaux pour garantir le droit à la vie et au meilleur état de santé possible. L’avortement est une question de santé et de droits humains essentielle à l’égalité des genres.
Le Canada doit continuer à militer pour la reconnaissance du droit à l’avortement sécuritaire et pour l’abolition de tous les obstacles juridiques, sociaux et financiers à l’avortement (y compris toutes les lois et politiques qui le criminalisent) et de tous les éléments qui découragent ou compromettent l’accès à ces services vitaux (comme les exigences de counseling, d’autorisation d’un tiers et de consentement parental).
En tant que champion de la SDSG sur la scène mondiale, le Canada doit continuer à centrer son plaidoyer sur une approche fondée sur les droits humains et utiliser sa force diplomatique pour mobiliser d’autres pays et donateurs en faveur de l’accès à l’avortement sécuritaire.
[1] Intervention pour interrompre une grossesse non planifiée, soit par une personne ne possédant pas les compétences nécessaires, soit dans un environnement dépourvu de normes médicales minimales, soit les deux.