L’accès à des soins contraceptifs complets est un droit humain universel qui permet aux individus de décider librement de la fréquence, du moment et de l’opportunité de devenir parents, de même que de l’espacement des naissances de leurs enfants, le cas échéant. Afin de respecter, de protéger et de réaliser ce droit, les gouvernements doivent veiller à ce que les informations sur la contraception ainsi que les fournitures et services en la matière soient disponibles, accessibles, acceptables et de bonne qualité.
Disponibilité :
Un large éventail de méthodes contraceptives, y compris la contraception d’urgence, devrait faire partie de la liste élémentaire de médicaments essentiels de tous les pays; ce n’est qu’à cette condition que les individus (en particulier les femmes et les adolescentes) pourront choisir des méthodes contraceptives adaptées à leurs besoins. La disponibilité signifie également qu’il existe suffisamment d’établissements de santé dotés de personnel qualifié pour répondre aux besoins de la communauté.
Accessibilité :
Les services doivent être physiquement accessibles et abordables, de sorte que tous les individus puissent obtenir les services de santé dont ils ont besoin. L’accessibilité comprend également l’accès à l’information (y compris l’éducation sexuelle complète); l’accès à des transports fiables; des aménagements pour les personnes handicapées; le respect de la vie privée et de la confidentialité de toute personne; et la prestation de services sans discrimination.
Acceptabilité :
Les services doivent répondre aux divers besoins des femmes, des adolescent-es et d’autres personnes à toutes les étapes de leur vie. Cela inclut également de recevoir des informations sur les avantages et les risques, l’efficacité, les effets secondaires potentiels, les possibles complications et problèmes d’interruption et les signes de danger de la méthode contraceptive choisie ou proposée, ainsi que le droit de refuser en tout temps une intervention ou un médicament.
Bonne qualité :
Les services doivent être scientifiquement fondés et médicalement appropriés. Cela suppose, entre autres, un personnel médical compétent, des médicaments scientifiquement approuvés et non périmés, des équipements hospitaliers appropriés et un assainissement adéquat. Une bonne qualité nécessite également la prestation de soins exempts de stigmatisation et de préjugés.
Le besoin mondial non satisfait en matière de contraception
Actuellement, 218 millions de femmes ont un besoin non satisfait de contraception, c’est-à-dire des femmes et des adolescentes qui veulent éviter une grossesse, mais qui, pour diverses raisons (notamment le manque d’accès aux services de contraception), n’utilisent aucune méthode contraceptive.
Le besoin non satisfait de contraception contribue de manière significative aux grossesses non planifiées. Chaque année, dans le monde, environ la moitié (49 %) des grossesses dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ne sont pas intentionnelles et les femmes dont le besoin de contraception n’est pas satisfait représentent 84 % de ces grossesses.
Les adolescentes de 15 à 19 ans ont le plus grand besoin non satisfait en matière de contraception
1 adolescente sur 4 entre les âges de 15 et 19 ans a un besoin non comblé de contraception.
Les complications en cours de grossesse ou d’accouchement sont la deuxième principale cause de décès chez les filles de 15 à 19 ans, dans le monde.
Une contraception à l’abri de la coercition
Recevoir des informations exactes et claires, sans pression ni coercition, permet à une personne de prendre des décisions libres et éclairées, concernant sa vie sexuelle et génésique. Les croyances, la culture et les préférences individuelles ainsi que la capacité de toute personne à utiliser une méthode contraceptive donnée, à la refuser ou à y mettre fin, doivent être respectées à tout moment. Des personnes et communautés qui sont marginalisées et qui vivent de la discrimination (y compris les peuples autochtones, les communautés vivant dans la pauvreté, les personnes vivant avec le VIH et les personnes handicapées) ont été historiquement – et sont continuellement – contraintes d’utiliser la contraception et soumises à la stérilisation forcée. Il s’agit d’une grave violation des droits humains. Or les droits à des soins contraceptifs complets et à l’autonomie corporelle ne sont pas respectés si des décisions en matière de contraception ne sont pas prises en connaissance de cause et ne sont pas volontaires et exemptes de coercition et de discrimination.
Pourquoi l’accès à la contraception est-il important?
- Parce que nous avons toutes et tous le droit de prendre nos propres décisions concernant notre corps, y compris celles qui concernent notre reproduction et notre sexualité, sans aucune pression, discrimination, violence ou coercition.
- Parce que l’accès à la contraception est un droit humain universel. Il fait partie de l’exercice des droits sexuels et génésiques et d’autres droits humains, notamment les droits à la santé, à la vie, à la non-discrimination, à la liberté d’opinion et d’expression, au travail et à l’éducation.
- Parce que l’accès à la contraception réduit considérablement le risque de grossesses non planifiées, et aide les gens à prendre les décisions qui leur conviennent concernant leur fertilité.
- Parce que l’accès à la contraception, de même qu’à l’avortement sécuritaire, est essentiel pour préserver la santé des femmes et des adolescentes. Une adolescente sur quatre âgée de 15 à 19 ans a un besoin non satisfait de contraception et les complications liées à la grossesse ou à l’accouchement sont la deuxième cause de décès chez les filles de 15 à 19 ans, dans le monde.
- Et parce que la contraception constitue l’un des investissements en santé des plus avantageux sur le plan coût-efficacité.
Pourquoi le Canada doit continuer à investir dans des soins contraceptifs complets
Le Canada est le quatrième plus important donateur pour la planification des naissances dans le monde (ce qui inclut l’information, les fournitures et les services contraceptifs complets). C’est un grand pas en avant, mais il faut aller plus loin.
Le Canada s’est engagé à augmenter ses investissements dans le domaine de la santé et des droits sexuels et génésiques (SDSG). À compter de 2023, un total de 700 millions de dollars sera investi annuellement en SDSG, avec un accent particulier sur ses domaines négligés (SDSG des adolescent-es y compris l’éducation sexuelle complète; accès à des services d’avortement sécuritaire; soins contraceptifs complets; et plaidoyer à l’appui de la SDSG). Le Canada a la responsabilité de s’assurer que ces fonds sont déployés de manière efficace, transparente et conforme aux normes en matière de droits humains, et qu’ils répondent aux besoins des femmes et des filles et de toutes les personnes de la diversité du genre et de l’orientation sexuelle.
Conformément à sa Politique d’aide internationale féministe, le Canada doit également veiller à ce que les investissements dans les soins contraceptifs complets fassent partie d’un ensemble essentiel de services de santé sexuelle et génésique intégré aux systèmes de santé plus généraux. Parallèlement à ces interventions de santé, le soutien aux mouvements féministes et de défense des droits des femmes revendiquant des changements juridiques et sociaux en lien avec la SDSG est essentiel pour assurer la pérennité et l’appropriation nationale de ces systèmes.